Au Japon, la recherche progresse dans le nouveau domaine de la médecine de précision, et le pays s’est fixé « d’assurer la bonne santé et la longévité » de sa population, qui constitue l’un des secteurs prioritaires parmi les Objectifs de développement durable (ODD)
Dans le monde, le Japon est en tête des sociétés vieillissantes. Confronté à des problèmes que les autres pays vont connaître dans un avenir proche, le Japon soutient la recherche des technologies médicales les plus avancées, dans l’objectif « d’assurer la bonne santé et la longévité » de sa population. L’une de ces technologies est la médicine de précision. « On analyse les données génomiques recueillies prélevées sur les tissus de patients individuels pour choisir un traitement approprié, qui sera basé sur les anomalies génétiques présentes », explique le Dr. Kuniko Sunami du National Cancer Center (Centre National du Cancer), qui est l’institution de référence au Japon dans ce domaine.
Au National Cancer Center, plusieurs projets sont en cours pour appliquer la médicine de précision au cancer, qui continue à affecter un nombre grandissant de personnes à travers le monde. L’un d’entre eux/parmi ces projets, le TOP-GEAR (Trial of Onco-Panel for Gene-profiling to Estimate both Adverse events and Response)(Essai d’oncogramme pour profilage génétique en vue d’évaluer les effets indésirables et réactions), lancé en 2013, mène des recherches cliniques utilisant un séquenceur de dernière génération— un appareil permettant de lire une grande quantité de données génétiques en une fois—avec pour objectif de détecter les gènes associés au cancer et d’adapter les traitements en conséquence. Jusqu’à présent, on a pu analyser près de 100 gènes associés au cancer, et les associer à des traitements reflétant les anomalies génétiques chez environ 15% des patients. Cela signifie que l’époque du « traitement chimique du cancer » connu sous le nom de chimiothérapie cytotoxique, est révolue. En effet, de nouveaux traitements ont vu le jour, tels que la thérapie moléculaire ciblée, adaptée à chaque patient individuellement en se basant sur ses données génétiques.
Le Dr. Kuniko Sunami est spécialisée dans le diagnostic et le traitement génétiques au Département de Pathologie et Laboratoires Cliniques, à l’hôpital du National Cancer Center, au Japon. Elle participe au projet TOP-GEAR en tant que clinicienne, et sensibilise sur la mise en place d’un système national du traitement du cancer basé sur la médecine génomique, actuellement en cours de développement.
L’hôpital du National Cancer Center— le pôle principal au Japon pour la lutte contre le cancer.
Des thérapies analogues sont encouragées dans d’autres pays, mais le Japon présente le grand avantage de posséder un système d’assurance maladie universel, dont bénéficient tous les citoyens. Actuellement dans le monde, les décisions médicales sont basées sur des données limitées provenant d’essais cliniques. Le régime de santé japonais permettra à l’avenir d’offrir un accès sans précédent aux données réelles de santé grâce aux informations recueillies auprès d’un grand nombre de citoyens. Sunami souligne, « En compilant les données obtenues avec le dépistage par panel de gènes, nous pouvons espérer développer de nouveaux médicaments et méthodes de traitement, et en faisant une meilleure analyse de la pathologie elle-même, nous serons capables de l’éviter et de la dépister plus tôt. »
Bien que le dépistage par panel de gènes pour la médecine de précision ne soit pas encore couvert par l’assurance maladie, des perspectives de prise en charge partielle sont envisagées, possiblement dès l’an prochain. Le cadre est parfaitement en place pour développer la médecine de précision au Japon. Ce projet est plein de promesses, certaines évidentes, telles que l’adaptation précise du traitement à chaque patient, et d’autres plus latentes, car en apportant un éclairage nouveau sur la maladie elle-même et en proposant de nouveaux traitements, c’est non seulement la santé et la longévité des Japonais, mais celles des habitants du monde entier, qui pourront être améliorées.
Un séquenceur de prochaine génération capable de séquencer l’ADN beaucoup plus rapidement que les modèle sprécédents (©Illumina). Le National Cancer Center utilise cet appareil pour créer des modèles de traitement.