Pour nos Tomodachi Automne / Hiver 2017
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6Contribution : Dr. Surin PitsuwanDix ans après la création de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), le Japon était déjà prêt à revoir sa relation avec les nouveaux États indépendants et de plus en plus assurés d’Asie du Sud-Est. Chacun des cinq membres d’origine - la Thaïlande, à la tête du pacte, pays qui n’a jamais été colonisé, la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines et Singapour - cherchait également à définir sa propre identité bien distincte des autres sur la scène internationale.Le Japon est arrivé dans le paysage de l’Asean en sachant qu’il avait un certain « fardeau de l’histoire » à gérer avec les États membres de cette organisation. À la fin des années 60, les usines et investissements japonais s’étaient tournés vers les grandes étendues de cette région riche en ressources et à la population croissante, située à un emplacement stratégique entre l’océan Indien et l’océan Pacifique. Les entreprises et industries japonaises étaient résolues à faire de ce paysage géographique unique un centre de production, mais elles ont commencé à faire face à un antagonisme et à un manque de confiance parmi les peuples d’Asie du Sud-Est. Des incidents traduisant l’opposition à la présence et aux investissements japonais, aussi productifs et bénéfiques qu’ils soient, se produisaient dans de nombreux pays.La visite du Premier ministre Takeo Fukuda dans la région en 1977 a transformé les perspectives de relations des deux côtés. Les fondations étaient posées, et l’élan était donné vers un chemin plus rationnel, accommodant et sensible. Entre échanges commerciaux et engagements politiques et stratégiques constructifs, le Japon est ainsi devenu plus actif et les investissement ont afflué.Le chemin vers l’avantL’Asean est devenue une communauté de nations, munie de liens et d’un ensemble de réseaux avec toutes les grandes économies. Les habitants des pays de l’Asean mènent une vie plus prospère qu’avant, un nombre croissant d’entre eux accédant à la classe moyenne. Ce nouveau mode de coexistence efficace conduit à davantage de prospérité et de consommation, davantage d’investissements et d’échanges commerciaux.Le Japon, l’un des premiers partenaires de dialogue de l’Asean, a été généreux au niveau de l’aide au développement et a placé sa confiance totale dans la région, apportant un soutien politique et stratégique au Cambodge, en Timor Est et au Myanmar.Mais l’Asean fait également face à de nombreux défis auxquels le Japon est capable d’apporter des solutions. La majeure partie, si ce n’est pas la totalité, des États membres de l’Asean manquent de capacités dans ces domaines cruciaux pour leur prospérité future que sont la science, la technologie et l’innovation.L’Asean a besoin d’une science, d’une technologie et d’une innovation de sa propre élaborationLe Japon devra considérer l’Asean comme un paysage d’opportunités pour forger le progrès humain, développer la science, promouvoir la recherche et incuber l’innovation. Ce déficit de technologie pourrait en effet bloquer l’Asean et la faire tomber dans le « piège du revenu intermédiaire ». Aussi impressionnant que soit le niveau de prospérité qu’elle a atteint, elle a besoin de sa propre science et de sa propre innovation. Cette région ne peut pas continuer à Une relation courtoise et productive entre l’Asean et le JaponDr. Surin PitsuwanDr. Pitsuwan a occupé le poste de secrétaire général de l’Asean de janvier 2008 à décembre 2012, période durant laquelle il a mis en oeuvre la Charte de l’Asean et préparé la région à entrer dans la Communauté de l’Asean en 2015. Originaire de Nakorn Sri Thammarat, en Thaïlande. Titulaire d’une Maîtrise (MA) et d’un Doctorat (Ph.D.) en sciences politiques et études sur le Moyen-Orient de l’Université Harvard. Il est actuellement engagé dans la promotion de l’intégration régionale en Asie de l’Est ainsi que dans les efforts de réforme éducative et politique en Thaïlande. Il sert également en qualité d’administrateur et de conseiller dans de nombreuses organisations internationales impliquées dans les droits de l’homme et la démocratisation, et intervient fréquemment dans des conférences internationales.Cet article provient de l’anglais: https://www.japan.go.jp/tomodachi/2017/autumn-winter2017/a_courteous_and_productive_relationship.html

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